10-03-2023 : Débats occultés

Ça sent vraiment mauvais pour ce qui est appelé communément "démocratie", droit à la libre expression, pluralisme journalistique et, en même temps, fait remonter des souvenirs d'actes semblables préalables aux dernières heures les plus sombres de notre histoire ...

"La judiciarisation de la liberté d’expression continue de s’intensifier en France, et de plus en plus de journalistes passent du temps dans les bureaux de la police. Derniers exemples en Bretagne, précisément au sein du grand quotidien régional basé à Morlaix, Le Télégramme. Dans l’édition du jour, son rédacteur en chef, Samuel Petit, révèle que cinq de ses journalistes ont été convoqués par la gendarmerie ou la police en moins d’un an. Inédit. L’une pour « recel de violation du secret de l’instruction » en mai 2023, trois autres en ce mois d’avril à la suite d’une plainte pour diffamation d’un élu finistérien mis en cause par un article, qui ne lui a visiblement pas plu. « Audition, relevé d’empreintes… La procédure certes, mais là aussi une pression réelle et contestable », souligne Samuel Petit. Enfin, un photographe a été entendu pour avoir pris des clichés par drone d’une église incendiée dans les Côtes-d’Armor, alors qu’il disposait de toutes les autorisations requises. Ces affaires s’ajoutent à la liste déjà longue des professionnels de l’information convoqués ces dernières années par divers services de police (DGSI, IGPN, BRDP ou PJ). Au moment de la garde à vue d’Ariane Lavrilleux (Disclose), en septembre dernier, pour « compromission du secret-défense » dans l’affaire des ventes d’armes à l’Égypte, nous avions ainsi recensé une bonne trentaine de cas depuis mai 2017 et l’élection d’Emmanuel Macron. Funeste record. « Cette pression intervient dans un contexte bien particulier : difficultés croissantes d’accéder aux sources policières, de gendarmerie, et judiciaires, corsetage de la communication dans certains parquets, volonté des ministères régaliens de maîtriser depuis Paris l’information sur les troubles à l’ordre public, difficile accès aux données publiques huit ans après la mise en application de la loi pour une République numérique… », analyse le rédacteur en chef du Télégramme dans son article. Avant d’ajouter : « Le droit à l’information est essentiel. Il ne doit en rien être entravé par ceux qui disent la loi et la font appliquer. » Un sujet dont pourraient par exemple se saisir les États généraux de l’information, dont les travaux sont toujours en cours. " (Télérama)