19-04-2022 : Les
retraites et les mensonges :
Inspiré par une publication de
José Sanchez, je vous soumets un
copié/collé de "Capital" qu'il est difficile de
classer dans l'extrême gauchisme ... histoire de
bien montrer que la réforme des retraites n'est
qu'un pur débat idéologique ...
Retraites : “l’Etat pourrait très facilement gommer
le déficit une bonne fois pour toute”
Le déficit des retraites est aujourd’hui de l’ordre
de 10 milliards d’euros, un montant pas si élevé et
qui pourrait être facilement gommé, selon notre
chroniqueur Georges Nurdin, économiste, consultant
international essayiste et écrivain, qui souligne
aussi que les retraites ne sont pas généreuses en
France, contrairement aux idées reçues.
Le sujet des retraites semble de nouveau capter
l’attention. Il faut dire que c’est toujours un bon
blockbuster au box-office des séries, on en connaît
maintenant les acteurs, les bons, les méchants, et
même l’histoire : plus de rebondissements, plus de
surprises et pourtant on ne s’en lasse pas. Une
valeur sûre, et puis, à défaut d’autres sujets, “ça
fait causer”. Le retour de la momie en quelque
sorte. Et franchement, je ne garderai pas le
suspense plus longtemps, c’est littéralement un non
sujet. D’un point de vue purement économique
s’entend. Le déficit des retraites est de l’ordre de
10 milliards d’euros en 2021 (selon le COR, Comité
d’Orientation des Retraites), et toujours d’après le
COR, dans le même rapport de juin 2021, la
trajectoire s’améliorerait encore pour s’équilibrer
naturellement vers 2070.
10 petits milliards à comparer aux près de 300
milliards du “quoiqu’il en coûte". Alors pourquoi
cette “fixette” quasi obsessionnelle compulsive sur
un système déjà en quasi équilibre ? Mais parce que
le “poids des retraites” est en France d’environ 14
% du PIB, alors que la moyenne européenne est de 10
% … scandale !, horreur !, sacrilège !… Eh bien non,
pas vraiment, car si la part des retraites est de
14% en France (le côté “dépenses”), le régime est
globalement équilibré, ce qui veut dire que le côté
“recettes” est à la hauteur. S’offusquer de ce
niveau est aussi stupide que de s’offusquer, par
exemple, de ce que le poids du carburant embarqué à
bord d’un Airbus soit équivalent à la moitié du
poids total de l’avion… et pourtant …il vole, et en
plus plutôt bien et longtemps et en toute sécurité.
Par ailleurs, et contrairement aux idées reçues et
largement véhiculées, la France n’est pas un pays
qui sert des retraites généreuses. Plutôt le
contraire : d’après l’OCDE, le revenu dit de
remplacement (le niveau de la retraite perçue) n’est
en France que de 52% alors que la moyenne de l’UE
est de 65%, les bons élèves vis-à-vis de leurs
séniors étant, entre autres, l’Autriche (80%),
l’Espagne (80%), le Luxembourg (90%), l’Italie
(70%), etc.
Alors où est le problème ? Le problème est dans la
“normalisation” européenne, dans l’idéologie de
l’existence d’un “standard” pan-européen
transcendant : la part des retraites dans le PIB
doit être calibrée (un peu comme l’est le diamètre
des petits pois ou la courbure des bananes). Donc le
problème, s’il en est, est de l’ordre de
l’idéologie, voire de l’affect ou de la répulsion,
de la psyché, mais en aucun cas d’ordre économique.
Poussons un peu plus loin le raisonnement. Le
déficit des retraites est aujourd’hui de l’ordre de
10 milliards d’euros et, en même temps, la France
verse à fonds perdus, chaque année, 42 milliards
d’euros (chiffres de 2012 compilés dans son ouvrage
remarquable par la chercheuse Viviane Tchernonog Le
paysage associatif français, mesure et évolution,
éditions Dalloz, 2013) à des associations dont
seules quelques-unes (1864 soit seulement 0,1% du
total), sur les 1,3 million qu’en compte la France
sont reconnues d’utilité publique. Quant aux autres
…
En diminuant, une seule année, le montant versé à
fonds perdus à ces “associations” de seulement 24%,
ou encore de seulement 5% par an sur le prochain
quinquennat, par exemple, le déficit des retraites
serait alors totalement gommé, et ce une bonne fois
pour toutes.
Georges Nurdin, économiste, consultant international
essayiste et écrivain (Les multinationales
émergentes, Le temps des turbulences, Wanamatcha !).