13-02-2022 : Le gâchis
Au lendemain du processus de désignation de la Primaire Populaire, je faisais un constat dont je ne renie aucun mot. Avec un peu de recul, j'ai envie d'en dire un peu plus notamment, sur le sentiment de gâchis ressenti.
La Primaire Populaire est une initiative citoyenne qui cherche à rassembler les forces de gauche afin de leur permettre d'être présentes au second tour de l'élection présidentielle dans le but d'offrir une vraie alternative à l'idéologie au pouvoir, défendue de la sociale démocratie à l'extrême droite.
J'accuse les forces de gauche de ne pas avoir saisi cette chance qui lui était
offerte. Pendant la première phase du processus, Ruffin, Autain et Mélenchon
étaient parmi les plus cités et même en tête pour le premier nommé, démontrant,
si besoin, que la « vraie » gauche était bien là. Très vite, Ruffin et Autain,
ont insisté sur leur non candidatures aux présidentielles montrant, par là, la
prédominance du parti et qui entraînera leur disparition du top 10 pour la
désignation finale. A cette époque, Taubira était très peu citée et Hidalgo de
moins en moins. Restait Mélenchon , qui ne se manifestait pas trop et prenait,
petit à petit, des points jusqu'à ce que, sous la pression des divers
questionnements, il finisse par exprimer son agacement face au cette initiative
à propos de laquelle il faisait bien comprendre son désintérêt (c'est un
euphémisme). Dans la foulée, les LFIstes commencèrent à se manifester de plus en
plus nombreux sur les réseaux pour tancer, dénigrer ce mouvement qui n'avait
pourtant rien d'un concurrent. Pourquoi, à ce moment là, ne pas avoir joué
« l'indifférence », genre, attendons et voyons venir ? Quel risque couru à se
retrouver désigné, alors qu'il n'avait rien demandé, par une initiative dont le
résultat dépendait, avant tout, du peuple ? Sinon celui de renforcer sa position
de leader de cette gauche de rupture incarnée par le programme le plus élaboré ?
Sinon d'enclencher une dynamique de rassemblement et surtout de favoriser le
retour des abstentionnistes, dont beaucoup n'attendent que ça ?
A ce stade et dans cette situation, rien ne se serait trouvé changé pour le
candidat Mélenchon, son équipe et son programme, d'autant plus que les autres
éventuels prétendants de la gauche de rupture n'avaient pas recueilli
suffisamment d'opinions favorables pour se trouver dans le top 10 de la
désignation finale.
C'est dans cette atmosphère de défiance que, trois semaines avant l'opération de
désignation, Taubira est entrée en action, voyant, à mon sens, la possibilité de
s'engouffrer dans l'espace déserté par la gauche de rupture et la candidate
socialiste. Sur la page de la PP, de moins en moins de LFIste (sinon pour
troller) et un envahissement progressifs de sociaux démocrates écolos.
Non, les initiateurs n'ont pas fait preuve de prosélytisme et n'ont été les
lobbyistes de personne, loin de ce qui était dénoncé un peu partout. Au
contraire, je les ai toujours vu et entendu citer avec soins tous les candidats
et Mélenchon en particulier, bien souvent, dans les premiers …
Oui, la vraie gauche a perdu une occasion de se positionner en leader au travers
d'une démarche dont le seul l'objectif était de faire désigner, par le peuple,
le candidat le plus à même de porter un socle de propositions élaborées par
l'unanimité de ces partis. Ces propositions, certes généralistes parce que non
partisanes (c'est le principe!), sont incontestablement de gauche et la seule
« obligation » du désigné était de les intégrer à son programme … ce qui, pour
l'Union Populaire et l'AEC n'était juste qu'un jeu d'enfants, ces programmes ci
allant bien au delà !!
Oui, cette démarche était nouvelle en France et n'avait rien à voir avec les
« primaires » habituellement mis en œuvre dans les partis. Elle est le résultat
d'une demande citoyenne claire et très majoritaire qui dure depuis plusieurs
législatures et à laquelle appareils, mouvements et partis ne répondent pas.
Que dire des médias … qui se sont comportés comme nos médias, ignorant cette
initiative tant dans son déroulement que dans son existence même, radinant leurs
fraises à quinze jours du dénouement pour se défouler en railleries et infos sur
le processus à 95% fausses, volontairement ou par totale méconnaissance, ce qui
dans un cas comme dans l'autre est tout à fait conforme à l'état de notre PAF
actuel … et que nous méritons bien.
J'accuse les forces de gauche de ne pas prioriser, avant toute autre chose, le renversement d'une idéologie qui, elle, de victoires en victoires, renforce son pouvoir, cadenasse les institutions et asservi le peuple, comme si ces faits, qu'elle sait dénoncer à longueur de temps, n'étaient pas suffisants ! La seule solution à se renversement n'est elle pas de reprendre le pouvoir ? Les discours théoriques ne doivent ils pas s'effacer, à trois mois de cette prise de pouvoir possible, devant la méthodologie pour y parvenir. La PP voulait se comporter comme un aiguillon, comme un déclencheur de cette prise de conscience, les forces de gauche l'ont ignoré, pire, l'ont combattu.
Par voie de conséquence et pour conclure, j'accuse la gauche de laisser les forces réactionnaires les moins à droite s'approprier, au fil du temps, la notion de « gauche », profitant d'un positionnement et tout en s'éloignant de l'idéologie anti capitaliste, laissant le terme « d'extrémiste » envahir le champs politique pour la désigner, avec tout ce que cela comporte de marginalisation et stigmatisation, ce positionnement artificiel et factice permettant aux acteurs politiques en place de favoriser, la décrédibilisassion des luttes de classes, l'exploitation du « ni-ni » et la disparition des clivages.