15/01/2020 : Courrier à Guillaume Erner (France Culture)
Depuis Lundi et l'écoute de votre « débat » sur la réforme des retraites je vous avoue que ma plume me démange fortement. Je me décide à la prendre en entendant Barbara Stiegler avouant (en guise d'entrée en matière de son invitation à « Entendez-vous l'éco » de ce jour) son « mal-être » ressenti depuis sa participation à ce débat. Hors de question pour moi de débattre de son état du jour pour l'unique raison qu'elle n'a rien développé du sujet, étant invitée pour un autre débat. Je vous écoute depuis des années sur les antennes du service public et vous assure que le malaise ressenti (par moi aussi) Lundi me parait être à coup sûr une première pour moi.
Ces deux invités (hommes), représentants visiblement le pouvoir actuel (cf. les CV), assénant à grand renforts de chiffres et autres statistiques l'impérieuse nécessité de réforme, pérorant à coup de phrases toutes faites : « en France il y a un théâtre social qui passe par la grève, les manifestations, etc. ... » …. « le gouvernement pourra intervenir par ordonnances pour reprendre la main » …. « quand vous réformez l'ensemble dans un système comme la France qui n'a pas une culture réformiste aussi développée que ses voisins, vous allez au devant de grandes difficultés » … « la relance de cette réforme est due à la volonté de mouvement et de panache du Président de la République » … « Edouard Philippe s'adresse à un électorat de centre droit, base du macronisme » … et même des mots clairs quant à l'objectif de la réforme, questionneurs pour le moins, choquants au pire : « cet âge pivot, il a été mis parce qu’on savait d'entrée qu'il allait être utilisé pour négocier avec les syndicats » … « il était un élément de blocage … il a été retiré, et en même temps il reste au cœur de l'agenda (?!) … « faire passer la France dans une ère post état-providence, post salariat » … « être à la fois Tony Blair et Margaret Tatcher » … « la précarité c'est le sens de la vie » … « il faut le dire, il y a une dimension de capitalisation dans cette réforme » ….

Et face à ces messieurs, Barbara Stiegler, femme seule au bout du fil depuis sa province lointaine (je ne vous donne pas ces détails par pur combat idéologique mais comme le profond sentiment ressenti sur le moment : déséquilibre, iniquité, impuissance sont les mots caractérisant ce sentiment). Que pouvait-elle rééquilibrer avec ses quelques interventions plutôt orientées sur l'humain et sa condition toujours définie à minima par tous les gouvernements depuis des décennies : « vie de précarité où chaque petit boulot permettra de capitaliser des points » …. « résister à cette destruction de notre modèle social, à cette destruction du monde de l'éducation, à cette destruction du monde de la santé » …. « être en vie, c'est être dans une situation d'incertitude, de risque, mais si cette précarité est radicale, elle est difficile à supporter » …. « collectivement, nous construisons les moyens de nous sécuriser avec l'état social par exemple » « c'est ça que l'état détruit avec cette réforme » ...

Dans tout ça, je vous ai trouvé plutôt « complaisant » voire de connivence avec les premiers, vous qui m'aviez habitué à des questionnements que je qualifierai de beaucoup plus incisifs … Le temps de parole n'étant pas très équilibré (peut-être pour des raisons matérielles), n'auriez-vous pas pu « rattraper le coup» en laissant Madame Stiegler intervenir plus longuement et lui donner la possibilité de conclure par exemples ? Ceci dit, rassurez-vous, France Culture reste globalement, pour moi, une radio au contenu tellement au dessus de la concurrence que ma fidélité ne fera pas défaut par le faute de cette matinée que je considère comme « exceptionnelle ».

Pas de réponse de Guillaume Herner