05/02/2020 : réponse à Yves Harté (Edito Sud-Ouest)

Il y a presque un an, je vous adressai une réponse à votre édito "La stratégie de la violence" en vous « accusant » clairement d'assimiler « Gilets jaunes » et violence, et ce de façon tellement injuste et peu crédible qu'il se transformait en stigmatisation et devenait, de fait, lui même violent. Vous reprenez le même principe avec votre édito de ce jour « Le grand malaise français », dans lequel la stigmatisation de l'Islam est patente par l'assimilation claire de l'affaire Mila à cette religion dans son entier. Pas une seule fois, dans votre article, n’apparaissent les mots « radicaux », « extrémistes » qui permettraient de distinguer le bon grain de l'ivraie. Je suis un laïque non croyant et écoute régulièrement « Questions d'Islam » sur une radio de Service Public. Je vous conseille fortement son écoute afin de vous aider à ne pas confondre petite minorité agissante (merci, effectivement, les réseaux sociaux) et grande majorité silencieuse et « subissante ». Quant à votre conclusion, elle est, hélas, de la même veine : vous regrettez le manque de réaction des relais habituels (les quels ?), mais vous en prenez essentiellement et exclusivement qu'à tout ce qui est à gauche (mouvements en tous genres et verts de tous poils associés), en parlant de Munich moral, de couardise et de dogmatisme. Je pense personnellement, que l'on pourrait s'y prendre autrement pour apaiser un débat.

Et sa réponse …. 07/02/2020

Bonsoir Monsieur, 

J’ai lu avec attention le courrier que vous m’avez adressé par l’intermédiaire de notre médiateur. je vous remercie de votre conseil d’émission, mais il se trouve que je l’écoute tous les dimanches matin fort religieusement si vous me permettez l’expression, que je ne m’en tiens pas à Questions d’Islam, mais que j’enchaîne sur Chrétien d’Orient, Service protestant, Talmudiques etc. Il se trouve que les questions de spiritualités me passionnent et que j’appelle de tous mes vœux que tous les musulmans de France écoutent Question d’Islam, podcastent les émissions du regretté Abdelwaheb Meddeb quand il disait en sonnant  l’alerte que: « L’islamisme est un fascisme que l’islam peut contrarier, sinon vaincre. 

Je crains hélas que notre incompréhension demeure. Vous me parlez de stigmatisation. Mais l’ensemble des messages sur les réseaux sociaux sont de cet acabit et il ne s’agit plus aujourd’hui de fanatiques, d’extrémistes ou de radicaux. Il y a eu en France une emprise d’un Islam de combat, importés par les frères prêcheurs saoudiens et algériens, qui a balayé la simple promesse d’un Islam des lumières. Les jeunes gens qui s’en prenaient à Mila, parce que lesbienne et athée, n’étaient pas des obscurantistes. C’était des jeunes gens de son âge. C’est cela que je déplore et par dessus tout, effectivement, la lâcheté voire le cynisme d’une gauche qui n’a jamais hésité  à jouer avec le pire de ce courant musulman pour conserver son pouvoir électoral dans les villes de la couronne parisienne. 

Je suis moi même issu d’une famille de gauche, laïque, militante, encarté. Ma déception est à la mesure de ce qui m’a été inculqué et certainement la  raison de cette colère. Croyez simplement qu’elle est sincère quand je pense a ce que m’avait appris mon père, le simple respect de la parole et de la croyance de l’autre, et l’interdiction absolue de le menacer en raison de sa foi ou de son absence de foi. Je n’ai pas entendu ce simple message qui permet de savoir dans quel camp on se range. Ni entendu une parole de féministes bien plus alertes quand il s’agit de dénoncer le mâle blanc occidental. Ni vu le moindre papier dans des journaux qui étudient à la loupe le sexisme dans telle ou telle émission de radio. Une dernière chose, vous me conseillez une émission? Puis je vous recommander la lecture d’un ouvrage: Les Terrains conquis de l’Islamisme sous la direction de Bernard Rougier (PUF)

Je suis sincèrement désolé de vous avoir à ce point heurté a deux reprises. Mais au moins cela nous aura permis de débattre, courtoisement et civilement comme j’aimerai que l’on puisse encore le faire en dehors de réseaux sociaux. 
Très cordialement.
Yves Harté 

Et ma réponse "conclusion"

Bonjour Monsieur Harté,
Un grand merci pour cette longue réponse ... mais qui, effectivement, ne peut en aucun cas me convaincre totalement.
Je pense avant tout que les maux dont souffrent nos sociétés actuelles sont essentiellement provoqués par les inégalités toujours croissantes du seul système imposé qu'est le capitalisme libéral. Ce système exclusivement élitiste est donc, par essence, générateur de classes. De plus en plus de gens se sentent donc exclus de fait. Ne trouvant pas leur place, ils se réfugient dans le premier fanatisme (et extrémisme, et populisme) qui passe pour compenser leurs frustrations. Et ces frustrations sont d'autant plus grandes que nos élites, dirigeantes ou rêvant de l'être, s'appuient sans cesse sur de grands mots et promesses rarement (jamais ?) suivis de faits : démocratie, justice, le tout sur fond de "Liberté, égalité, fraternité" au fronton de toutes nos mairies.
Ces constats là me heurtent eux beaucoup plus que vos propos que je continuerai à lire, même si, effectivement, ils ne rallient pas entièrement mes propres convictions.
Merci encore et très cordialement.
Richard Pujo